30 septembre 2018

Tenir jusqu'à l'aube - Carole Fives

J'avais envie de lire cette auteure depuis son passage à la Grande Librairie pour présenter "C'est dimanche et je n'y suis pour rien". C'était il y a 3 ans, entre temps Carole Fives a écrit "Une femme au téléphone" qui a eu de bonnes critiques mais c'est avec son dernier roman que je découvre enfin son écriture. 

J'ai emprunté "Tenir jusqu'à l'aube" sans vraiment savoir de quoi il parlait et j'ai bien fait car en connaissant le sujet du roman je pense que j'aurais hésité. Une mère célibataire et isolée qui élève un petit garçon de 2 ans et qui, pour souffler un peu, s'accorde certains soirs de petites escapades en ville en laissant le petit seul à la maison. Franchement pas très tentant comme sujet. J'ai donc entamé ma lecture avec une certaine méfiance mais très vite j'ai été happée par une écriture vive, un propos direct et une tension qui monte tout au long du récit. Tout cela ne m'a pas permis de lâcher le roman jusqu'à la dernière page. 

La vie n'est pas facile quand le père de l'enfant ne donne plus aucun signe de vie, quand on est loin de sa famille et de ses amis, sans emploi fixe et quand l'enfant est plutôt du genre capricieux. J'ai eu beaucoup de peine pour cette mère qui essaie de joindre les deux bouts pour s'en sortir, son extrême solitude, son sentiment d'être abandonnée. On peut comprendre, sans pour autant l'approuver, ce besoin de souffler de temps à autre, de se libérer, de goûter à autre chose tout en étant consciente des risques encourus.

J'ai aimé le regard de l'auteure sur la société actuelle pour dénoncer la vulnérabilité des mères célibataires, leur solitude et leur précarité, le jugement des autres. Un court roman pas très réjouissant qui fait réfléchir et qui ébranle les certitudes du lecteur. Une histoire qui ne m'attirait pas de prime abord et que j'ai finalement trouvée très réussie.

Gallimard - 2018 - 192 pages




23 septembre 2018

Les Indésirables - Diane Ducret

Ce roman est l'histoire d'une amitié entre deux Allemandes, toutes les deux enfermées dans le camp de Gurs dès mai 1940. Un lien très fort va unir Eva, pianiste qui avait abandonné sa Bavière natale pour s'installer à Paris et Lise, une jeune juive qui avait fui l'Allemagne nazie avec sa mère. Toutes les deux entourées par d'autres femmes ont été regroupées au Vel d'Hiv avant d'être transférées au camp de Gurs dans les Pyrénées.

Créé à l'origine pour les réfugiés espagnols, ce camp d'internement va accueillir dès mai 1940 les Indésirables comme on appelait les ressortissantes allemandes résidant en France. Plus tard, il deviendra aussi un lieu d'emprisonnement pour les Juifs avant qu'ils soient envoyés dans des camps de concentration.

Pour écrire ce roman Diane Ducret s'est beaucoup documentée, a lu de nombreux témoignages. Elle s'en est inspirée pour imaginer ses personnages dont quelques-uns qui ont vraiment existé (commandant Davergne, Elsbeth Kasser, l'infirmière, Hannah Arendt). Si j'ai beaucoup apprécié son côté historique décrivant les conditions de vie dans le camp, je suis restée un peu à côté de cette histoire d'amitié. Je m'attendais à être plus émue, à éprouver plus de compassion, ce n'est que dans la dernière partie du roman que je commençais à m'attacher à ces femmes qui ont beaucoup souffert. 

Est-ce dû à une narration à la 3ème personne qui rend l'écriture un peu trop distante, à des passages par moments trop poétiques à mon goût, ou bien je ne l'ai tout simplement pas lu dans de bonnes conditions? J'en attendais peut-être un peu trop après avoir lu tant d'avis élogieux? Malgré ma petite déception, c'est un roman qui vaut le détour et que je recommande.

Flammarion - 2017 - 320 pages





2 septembre 2018

Un fils obéissant - Laurent Seksik

De cet auteur j'ai beaucoup aimé "L'exercice de la médecine" et j'ai entendu pas mal d'éloges sur ses autres romans ("Le cas Edouard Einstein" et "Les derniers jours de Stefan Zweig") qui me tentent aussi. Après avoir exploré dans ses précédents livres la relation père - fils, Laurent Seksik consacre son dernier roman à son propre père et les liens très forts entre eux. 

Je ne suis pas adepte de l'autofiction et avant d'entamer ma lecture je me suis demandée si ce roman allait me plaire mais très vite je me suis rendue compte que Laurent Seksik a des choses à raconter et il le fait d'une façon passionnante et avec une énorme délicatesse.

Dans l'avion pour Israël afin de se recueillir sur la tombe de son père un an après son décès, l'auteur confie à sa voisine de siège son histoire mais aussi celle de son père et de son grand oncle. Il évoque ses deux métiers de médecin et d'écrivain, le devoir et la passion. Il se dégage de ce texte très personnel beaucoup de respect et de pudeur mais aussi une certaine distance quand il parle de ses origines, de sa vie de famille et des métiers qu'il exerce. 

Ce roman sur l'amour filial est un très bel hommage à son père d'un fils sortant du deuil.

J'ai mis un certain temps à entamer cette lecture dans une période où j'avais perdu un peu l'envie de lire sans raison particulière. J'ai ainsi partagé le sentiment de l'auteur qui lui même avait perdu le goût de lire après le décès de son père. Petit à petit l'envie m'est revenue et j'ai repris mon activité favorite. "Un fils obéissant" y est peut-être pour quelque chose.

Quelques citations:
J'avais toujours pensé que le présent ne s'accordait pas avec mon écriture. Jusqu'à sa dernière heure, un être humain s'améliore ou régresse, il n'en a jamais fini avec lui-même. Le coucher sur le papier grave son caractère dans le marbre, lui ôte cette capacité d'évoluer. Ecrire son histoire avant qu'elle ne s'achève lui interdit toute possibilité de réconciliation avec les autres et avec lui-même, ravit sa part d'humanité à venir. 
Ce patient qui refuse de guérir malgré les moyens mis en oeuvre, déçoit les attentes, trompe les espoirs du médecin et trahit en quelque sorte l'essence de sa vocation. Il offense bien malgré lui la bonne volonté de l'équipe soignante. Au bout de quelque temps, las de se voir incompris, le médecin finira, inconsciemment, par se tourner vers d'autres patients compliants aux soins et dont l'état répondant au traitement flattera son ego.
L'esprit d'entreprise est comme l'âme des pionniers, il souffle à toute heure du jour et de la nuit. Nous devons être à son écoute pour concourir au bien-être et à la prospérité du monde libre.
Je le vois comme un puzzle qui, une fois la dernière pièce posée, résoudra une partie de l'énigme d'une vie, répondra peut-être aussi à la question de pourquoi j'écris. Peut-être que le mot "fin" viendra aussi clore cette période de deuil d'une année, m'aidera à tourner la page sans pour autant me conduire à l'oubli. Il y sera sans doute question de la façon dont j'ai accompagné mon père jusque dans ses derniers instants. 
Flammarion - 2018 - 256 pages


1 septembre 2018

Słowik (Le Chant du rossignol) - Kristin Hannah

O Słowiku juz sporo napisano ale dorzucę swoje trzy grosze. Zawsze z obawą podchodzę do tak zwanych bestsellerów bo nie jeden raz juz się rozczarowałam. Po rozreklamowanego "Słowika" sięgnęłam jednak z ciekawością bo rzecz dzieje się w Francji podczas drugiej wojny a ten okres w literaturze bardzo lubię no i opinie na temat powieści były więcej niz zachęcające.

Vianne Mauriac i Isabelle Rossignol są siostrami, które nie spędziły ze sobą wiele czasu. Po śmierci matki ojciec oddał je na wychowanie obcej kobiecie. Vianne odnalazła szczęście u boku ukochanego męża, młodsza Isabelle nie może sobie znaleźć miejsca i zmienia szkołę za szkołą. Po wybuchu wojny i mobilizacji męża Vianne zostaje sama z córeczką Sophie w rodzinnym domu w dolinie Loary. Po kapitulacji Francji, jest zmuszona przyjąć pod swój dach niemieckiego oficera. Z kolei Isabelle wybiera ryzykowną drogę konspiracji i zostaje jedną z liderek francuskiego ruchu oporu.

Początkowo nieco sceptycznie przewracałam kolejne strony mając trochę zastrzeżeń do raczej przeciętnego języka ale i ja w końcu dałam się ponieść dobrze skonstruowanej fabule. Trzeba przyznać, że scenariusz jest iście amerykański i historia dwóch sióstr bardzo wciąga. Książka aż się prosi o ekranizację i pewnie się jej doczekamy. Oprócz stylu, ktory trochę mnie rozczarował i kilku nieścisłości językowych to w zasadzie nie mam się do czego przyczepić. Dodatkowo dowiedziałam się też o istnieniu działaczki ruchu oporu Andrée de Jongh, której historią autorka się luźno zainspirowała. 

Książkę przeczytałam z przyjemnością i tym samym spełniła ona moje oczekiwania.


Świat Książki - 2017 - 560 stron 
Tłumaczenie Barbara Górecka



Le chant du rossignol

J'ai l'impression que ce livre qui a été un véritable bestseller aux Etats-Unis mais aussi en Pologne (il a même été élu le meilleur roman historique par l'équivalent de Babelio polonais) a été un peu moins populaire en France. Je me méfie toujours des livres qu'on voit partout sur les blogs (polonais) et les réseaux sociaux mais la 2ème guerre mondiale est une période que j'aime bien dans la littérature. Les critiques étaient plutôt élogieuses, je me suis donc laissée tenter par ce roman américain.

Vianne et Isabelle sont des sœurs qui n'ont pas passé beaucoup de temps ensemble. Après le décès de leur mère elles sont confiées par leur père à une étrangère dont elle ne gardent pas un bon souvenir. Si Vianne a vite retrouvé le bonheur auprès d'un mari aimant, Isabelle se sent rejetée et change souvent de pensionnat. En 1940 Vianne dit au revoir à son mari partant au front et après la défaite elle est obligée d'accueillir sous son toit un officier allemand. Quant à Isabelle elle fait le choix périlleux de s'impliquer dans la résistance.

Malgré ma méfiance du début je me suis laissée portée par l'histoire des deux sœurs qui prennent des voies différentes pour survivre et résister à l'occupant. Je pourrais émettre quelques remarques sur la qualité de l'écriture et/ou de la traduction (polonaise) mais le souffle romanesque du récit et sa construction effacent ces quelques imperfections. J'ai appris aussi que pour écrire ce roman Kristin Hannah s'est librement inspirée de la vie d'une résistante belge, Andrée de Jongh. En résumé, un roman agréable qui se lit vite et que je ne regrette pas d'avoir découvert.

Michel Laffon - 2016 - 525 pages
Le livre de poche - 2017 - 596 pages