25 février 2018

Pays provisoire - Fanny Tonnelier

Le résumé et les premières critiques de ce roman promettaient une jolie histoire et j'ai été très contente de pouvoir le découvrir grâce à l'opération Masse critique de Babelio.

Amélie Servoz est une jeune modiste qui, après avoir passé quelques années à Saint-Pétersbourg, est obligée de quitter précipitamment la Russie, en raison des troubles précédant la prise de pouvoir des bolcheviques. Le cœur lourd, elle abandonne son atelier et décide de retourner en France en contournant les pays ennemis car la guerre fait rage depuis trois ans déjà et ce périple ne sera pas des plus faciles. 

Amélie quitte la capitale russe en train en passant par la Finlande, la Suède et la Norvège, elle s'embarque sur un bateau pour l'Ecosse où elle fait escale. Ensuite, elle emprunte un caboteur jusqu'à Folkestone avant l'ultime traversée pour rejoindre les côtes françaises. 

J'ai aimé cette fuite en compagnie d'Amélie, une femme déterminée, indépendante et passionnée par son métier. Le récit de cette aventure périlleuse est entrecoupé par les souvenirs d'Amélie, son enfance à Paris auprès de parents plumassiers, ses premiers pas en tant que modiste, ses heureuses années à Saint-Pétersbourg et ses amours. 

Malgré quelques reproches que je pourrais faire; une histoire un peu trop convenue parfois cousue de fil blanc et une image stéréotypée de la Russie, ce fut une lecture assez sympathique. C'est très romanesque, l'héroïne est très attachante, les descriptions de son métier sont intéressantes et l'écriture est plaisante. Finalement, j'ai bien aimé ce premier roman en dépit de quelques imperfections.

Alma Éditeur - 2018 - 256 pages
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23 février 2018

Les mots qu'on ne me dit pas - Véronique Poulain

Ce petit livre déniché dans notre mini bibliothèque au travail m'a été conseillé par ma collègue qui l'a trouvé drôle et touchant. Et c'est exactement ce que je me suis dit après la lecture de cet étonnant témoignage.

C'est l'histoire d'une famille atypique. Les parents de Véronique Poulain sont sourds-muets mais elle ne l'est pas. Ce n'est pas toujours facile quand ses propres parents ne peuvent pas vous entendre mais ce n'est pas la fin du monde non plus, on peut être très heureux et on peut grandir normalement dans une famille de sourds. 

Véronique Poulain partage son quotidien, décrit son enfance et son adolescence et elle le fait avec beaucoup d'humour et de sincérité. "Les mots qu'on ne me dit pas" regorge de petites anecdotes familiales, souvent très drôles. Ses parents l'agacent parfois mais elle en est aussi extrêmement fière et ce livre en est la preuve.

J'ai adoré suivre cette famille qui me rappelle un peu la mienne. J'ai une grande tante qui est sourde-muette, ma mère et elle ont grandi ensemble et elles communiquent facilement par signes. Leurs gesticulations quotidiennes ont accompagné mon enfance polonaise mais je n'ai malheureusement jamais appris le langage des signes. Une sœur de ma grande tante, sourde-muette également, s'est mariée avec un sourd et tous les deux ont immigré en Allemagne de l'Ouest. Je ne les ai jamais connus mais ils ont eu une fille qui s'appelle Eva, comme la cousine de Véronique Poulain. Eva a épousé un français et nous nous sommes retrouvées en France à l'âge adulte. Je suis sûre que ce livre, que je ne manquerai pas de lui offrir, lui fera beaucoup de plaisir car elle aussi a grandi avec des parents sourds.

Stock - 2014 - 144 pages

18 février 2018

Bieguni (Les Pérégrins) - Olga Tokarczuk

Olga Tokarczuk jeszcze mnie nigdy nie zawiodła i byłam pewna, że "Bieguni" to będzie kolejna literacka uczta. Lekturę zaplanowałam wspólnie z Sentinelle z zaprzyjaźnionego francuskojęzycznego blogu by tego samego dnia podzielić się wrażeniami po przeczytaniu tej wyróżnionej nagrodą Nike książki, która doczekała się również francuskiego przekładu.

O ile wspaniała proza tej jednej z moich ulubionych polskich pisarek nie była dla mnie zaskoczeniem, to temat  no i przede wszystkim jego ujęcie byly dla mnie sporą niespodzianką. "Biegunów" trudno określić czy zakwalifikować. To nie jest jedna historia, to zbiór wielu dłuższych i krótszych opowieści, anegdot, przemyśleń mających wspólny mianownik. Wszystkie bowiem łączy podróżowanie a Olga Tokarczuk zafascynowana tym fenomenem pokazała nam różne jego oblicza bo człowiek niesiony najprzeróżniejszymi motywacjami podróżuje od zawsze i nic nie jest w stanie go zatrzymać. Podróżować można na wiele sposobów; w dosłownym tego słowa znaczeniu przemieszczając sie z jednego punktu do drugiego, z jednej półkuli na drugą, z wyspy na stały ląd, piechotą, statkiem czy samolotem. Podróżować też można w czasie cofając się w przeszłość czy wnikając w głąb ludzkiego ciała by odkryć jego tajemnice.

To niezwykle bogate w treść literackie spoiwo łączące osobiste przeżycia, fikcję i historię, zmyślonych bohaterów i autentyczne postaci zadziwia swą oryginalnością, erudycją ale przede wszystkim mistrzowskim przekazem. Książka do wielokrotnego czytania, uniwersalna, ponadczasowa, do której na pewno jeszcze kiedyś wrócę.

Wydawnictwo Literackie - 2007 - 460 stron



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Les Pérégrins

Olga Tokarczuk est l'écrivaine polonaise la plus primée et sans aucun doute ma préférée, elle ne m'a encore jamais déçue. Voici l'un de ses romans les plus connus qui a reçu le prix Nike (équivalent polonais du Goncourt) et l'un des six traduits en français. Je voulais le découvrir depuis longtemps et j'étais ravie de partager cette lecture avec Sentinelle.

Rien à voir avec Sur les ossements des morts qui a été pour moi un coup de cœur. "Les Pérégrins" est un livre inclassable qui m'a éblouie par son érudition sans parler de l'écriture qui m'a encore une fois épatée. C'est un étonnant mélange de récits, d'anecdotes et de réflexions sur le voyage. Un phénomène qui fascine l'auteure et dont elle nous livre les différentes facettes. On peut se déplacer d'un endroit à un autre, d'un continent à un autre, à pied, en avion, en bateau mais on peut aussi voyager dans le temps ou à l'intérieur du corps humain pour découvrir ses secrets. 

Depuis son origine l'homme est en perpétuel mouvement et Olga Tokarczuk nous décrit ses motivations dans un patchwork d'images, d'apparitions et de souvenirs. De courtes histoires tenant sur quelques pages, parfois seulement quelques lignes, des personnages fictifs ou réels forment un ensemble riche et original. J'ai beaucoup aimé ce livre, si différent de mes lectures habituelles. Sans début ni fin, on peut y piocher à volonté pour se régaler de l'imagination de l'auteure, de son intelligence et de son talent à nous livrer un texte à la fois profond et accessible. 

Si vous voulez en savoir plus n'hésitez pas à vous rendre sur le site des Editions Noir sur Blanc et le blog de  Sentinelle dont le billet est précédé de très intéressants carnets de lecture.

Editions Noir sur Blanc - 2010 - 390 pages 
traduit du polonais par Isabelle Jannès Kalinowski 






11 février 2018

LaRose - Louise Erdrich

Ne connaissant Louise Erdrich que de nom, je me réjouissais de pouvoir découvrir son dernier roman dont le résumé m'a plus qu'intriguée. J'ai reçu ce livre grâce au partenariat du Picabo River Book Club, un club de lecture sur Facebook qui met en avant la littérature nord-américaine, et je suis partie en voyage dans une Amérique qui m'était inconnue, celle des Indiens Ojibwé.

Nous sommes dans le Dakota du Nord en 1999. L'histoire débute par un terrible accident qui emporte Dusty, un petit garçon de 5 ans, tué au cours d'une chasse. C'est Landreaux, un Indien Ojibwé qui a tiré par erreur sur Dusty, le fils de son ami et voisin, Peter Ravich. Pour consoler les parents effondrés, Landreaux et sa femme Emmaline décident de leur donner leur propre fils, LaRose, comme le voulait une vieille coutume indienne.

Avec ce beau roman Louise Erdrich nous plonge non seulement dans le quotidien de deux familles indiennes touchées par un drame mais aussi au cœur de l'histoire d'un peuple en voie de disparition. Nous accompagnons LaRose aux côtés de ses quatre parents, ses frères et sœurs mais nous remontons aussi plus d'un siècle et demi dans le temps pour connaître l'histoire de la première LaRose, un prénom qui sera transmis ensuite de génération en génération.

J'ai beaucoup aimé l'ambiance un peu particulière de ce roman, un mélange d'histoire, de rêves, de traditions et de banalités de la vie. J'ai aimé suivre les personnages dans leurs peines, leurs questionnements, leurs doutes, leur joies et voir comment ils évoluent. L'écriture de Louise Erdrich est puissante mais aussi pleine de grâce et je ne manquerai pas de découvrir les autres romans de cette grande écrivaine américaine.

Albin Michel - 2018 - 528 pages
traduit de l'américain par Isabelle Reinharez


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 chez Enna
Picabo River Book Club


4 février 2018

L'homme de l'hiver - Peter Geye

Je pense que ce roman ne se serait jamais retrouvé entre mes mains, s'il n'avait pas été mis en avant par le Picabo River Book Club, un club de lecture sur Facebook consacré à la littérature nord-américaine. "L'homme de l'hiver" fait partie de ces livres "discrets" noyés dans l'avalanche de titres de chaque rentrée littéraire et je suis très contente de l'avoir découvert.

L'histoire commence avec la disparition de Harry Eide qui a fugué et ne sera jamais retrouvé. Il est atteint probablement de la maladie d'Alzheimer, même si ce terme n'est jamais utilisé. Nous sommes dans le Minnesota, à Gunflint une petite ville perdue entre quelques milliers de lacs, près de la frontière canadienne. On fait connaissance avec Gus, le fils de Harry et Berit, celle qui l'a toujours aimé. C'est grâce aux échanges entre Gus et Berit que nous connaîtrons l'histoire de la famille Eide. Berit se remémore son arrivée dans le Minnesota où elle a été envoyée par son père pour travailler dans un bureau de poste et s'occuper de la mère de Harry. Gus se rapelle l'hiver 1963, l'année où son père a décidé de l'emmener dans une longue excursion à la découverte de la nature sauvage.

J'avoue que je n'ai pas été conquise dès le début. Il m'aura fallu un peu de temps pour entrer dans cette histoire entrecoupée de nombreuses descriptions de la nature tout aussi belle et majestueuse que hostile et impitoyable. En semaine où je n'ai pas beaucoup de temps pour lire ma lecture a été souvent interrompue ce qui m'a probablement empêchée de l'apprécier dès les premières pages, d'autant plus que le rythme est plutôt lent. Le roman m'a vraiment captivée au moment où cette escapade dans les contrées sauvages a pris son sens. A partir de ce moment-là je suis allée au bout d'une seule traite ce que l'arrivée du weekend a rendu possible. 

J'ai aimé Berit, son dévouement et son amour infaillible pour Harry, j'ai aimé son histoire et celle de la famille Eide, étroitement liée à l'arrivée des immigrés norvégiens au XIX siècle. J'ai été prise d'affection pour Gus, son courage et son admiration pour son père. J'ai finalement pris goût à pénétrer dans une Amérique qui m'est peu connue et que l'auteur, originaire du Minnesota, décrit à merveille. 

J'ai eu le plaisir de découvrir ce roman en commun avec Kathel


Actes Sud - 2017 - 367 pages 
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne Rabinovitch


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                                                    chez Enna