29 février 2016

Les échoués - Pascal Manoukian

Quand la fiction et l'actualité se rejoignent

D'une réalité audacieuse ce livre nous plonge dans le monde des immigrants illégaux qui ont échoué sur le sol français. Comme je m'y attendais, j'ai été confrontée à beaucoup de violence, de cruauté et de douleur qui font partie du triste sort des réfugiés.

Trois destins d'origines différentes sont racontés. Le hasard les liera d'une belle amitié et une main porteuse d'espoir leur sera tendue. J'avoue que l'histoire m'a semblé peu crédible mais on a envie de croire à cette générosité et à cette solidarité qui apportent un peu d'humanité et atténuent le côté obscur du récit.

Un livre bien documenté qui nous renseigne sur les motivations et les parcours des êtres, venants des quatre coins du monde, qui sont prêts à tout pour fuir la guerre ou la misère. On plonge dans le monde impitoyable des passeurs, des réseaux mafieux et du travail clandestin. Un roman qui m'a marquée et m'a laissé un sentiment amer sur un phénomène qui existait depuis toujours mais qui a pris récemment des proportions difficiles à gérer.

Un petit accent polonais?
On retrouve quelques Polonais parmi les travailleurs clandestins (on est en 1992) et même un employeur qui a brièvement engagé Virgil et Assan.

Synopsis:
1992. Lampedusa est encore une petit île tranquille et aucun mur de barbelés ne court le long des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Virgil, le Moldave, Chanchal, le Bangladais, et Assan, le Somalien, sont des pionniers. Bientôt des millions de désespérés prendront d'assaut les routes qu'ils sont en train d'ouvrir.
Arrivés en France, vivants mais endettés et sans papiers, le trois clandestins vont tout partager, les marchands de sommeil et les négriers, les drames et les petits bonheurs.

Don Quichotte éditions - 2015 - 304 pages

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27 février 2016

Charly 9 - Richard Guérineau d'après Jean Teulé

Les derniers mois de la vie de Charles IX en images

J'aurais peut-être mieux apprécié "Le magasin des suicides", roman que j'ai abandonné, dans sa version bande dessinée. Je trouve que les livres de Jean Teulé se prêtent à merveille à ce genre d'adaptation. "Charly 9" dessiné par Richard Guérineau est une belle réussite. C'est un moyen ludique de réviser un bout d'histoire et d'apprendre quelques anecdotes.

Je n'ai pas lu le roman mais cela ne m'a pas empêchée de passer un excellent moment dans la suite de Charles IX. Un roi faible et fortement influencé par sa mère Catherine de Médicis, ne se remettra jamais d'avoir ordonné le massacre de la St Barthélémy qu'au fond il ne souhaitait pas. Après avoir basculé dans la folie, il mourra à peine un an plus tard.

Sa fin de vie marquée par ce terrible événement, est superbement racontée et dessinée. C'est divertissant avec un mélange de tragédie et de drôlerie. Les images sont nettes et les tons des couleurs sont en parfaite harmonie avec le sujet, d'où une dominante de rouge.

Maintenant, ce roi me fera penser non seulement à cette affreuse nuit d'août 1572 mais aussi au poisson d'avril ou au brin de muguet du 1er mai.

Un petit accent polonais? Le frère de Charles IX, Henri III, a été élu roi de Pologne et n'est pas du tout pressé de "régner sur des demi-sauvages, coiffé d'une peau d'ours et habillé à l'orientale".







Quatrième de couverture:
Charles IX fut, de tous les rois de France, l'un des plus calamiteux. A 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de Saint-Barthélémy qui épouvanta l'Europe entière. Abasourdi par l'énormité de son crime, il sombra dans la folie. Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous. Pourtant, il avait un bon fond.

Delcourt/Mirages - 2013 - 130 pages

PRENOM chez Enna 
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25 février 2016

Ouragan - Laurent Gaudé

Quand la nature se déchaîne 

Chaque roman de Laurent Gaudé est un dépaysement. Ici, on se retrouve à la Nouvelle-Orléans au cœur d'un ouragan sans précédent avec des hommes et des femmes dont les destins se croisent. Des images d'une métropole sous l'eau, de ses habitants noirs abandonnés et des alligators en chasse sont effrayantes. 

Dans cette tourmente, la folie et la violence se réveillent mais il y a de la sagesse aussi et de l'espoir. C'est une sorte de fable sur la vulnérabilité de l'homme face à la nature déchaînée:
"Les hommes ne sont rien mais l'ont oublié depuis si longtemps que chaque soubresaut de la terre leur semble être un cataclysme."
Un récit fort dont je n'ai peut-être pas saisi tout le sens mais qui m'a marquée par sa noirceur. La plume toujours aussi juste de Laurent Gaudé ne laissera personne indifférent.

Le point de vue des éditeurs:
   A La Nouvelle-Orléans, alors qu'une terrible tempête est annoncée, la plupart des habitants fuient la ville. Ceux qui n'ont pu partir devront subir la fureur du ciel. Rendue à sa violence primordiale, la nature se déchaîne et confronte chacun à sa vérité intime: que reste-t-il en effet d'un homme au milieu du chaos, quand tout repère social ou moral s'est dissous dans la peur?
   Seul dans sa voiture, Keanu fonce vers les quartiers dévastés, au cœur de la tourmente, en quête de Rose, qu'il a laissée derrière lui six ans plus tôt et qu'il doit retrouver pour, peut-être, donner un son sens à son existence...
   Dans un saisissant décor d'apocalypse, Laurent Gaudé met en scène une dizaine de personnages qui se croisent ou se rencontrent. Leurs voix montent collectivement en un ample choral qui résonne comme le cri de la ville abandonnée à son sort. Roman ambitieux à l'écriture empathique et incantatoire, "Ouragan" mêle la gravité de la tragédie à la douceur bienfaisante de la fable pour exalter la fidélité, la fraternité, et l'émouvante beauté de ceux qui restent debout.

ACTES SUD - 2010 - 192 pages

sur Livreaddict   

HURAGAN

Laurent Gaudé tym razem zabrał nas w mroczną podróż do Nowego Orleanu. W opustoszałe miasto uderza z niespotykaną dotąd siła huragan. Pozostali, nieliczni czarni mieszkancy zdani są wyłącznie na siebie. Poznajemy kilku z nich i w tym panującym chaosie ich losy się skrzyżują.

Iście apokaliptyczna sceneria zalanej metropolii nawiedzonej przez aligatory robi przygnębiające wrażenie. W tej powieści - paraboli, człowiek stawia czoło nieposkromionej naturze, która wyzwala przemoc, gwałt i szaleństwo, niektórym tylko udaje się zachować godność i mądrość życiową, które na równi z solidarnością i wiernością nabierają tu swoistego znaczenia.

Powieść, której dużym plusem jest tak charakterystyczny, wyrazisty i oszczędny styl pisarza, nie pozostawi nikogo obojętnym.


20 février 2016

Morphine - Szczepan Twardoch

Le sort d'un dandy rattrapé par la guerre

Livre que j'avais l'intention de lire en polonais mais que j'ai eu la chance de recevoir en version française grâce à la Masse Critique de Babelio.

Konstanty Willemann, officier de l'armée polonaise défaite par les Allemands à l'automne 1939, adore les femmes, les voitures, les fêtes, l'alcool et la morphine. Il regrette beaucoup l'insouciance et les plaisirs de sa vie d'avant la guerre. Il n'hésite pas à aller voir son meilleur ami-médecin pour le supplier de lui donner une fiole de morphine alors que l'hôpital est rempli de blessés qui en ont terriblement besoin. On a envie de le détester mais sa sincérité et son franc parler ont en même temps quelque chose d'attachant. 

Entraîné un peu malgré lui dans la résistance polonaise, on le suit dans les rues de Varsovie après les premiers bombardements. J'ai commencé ce livre alors que je suis tombée par hasard sur un court documentaire français de 1954 montrant la destruction de la capitale polonaise qui, après 1944, n'était qu'un champ de ruines. Je vous invite à le regarder pour visualiser un peu l'insouciante Varsovie d'avant guerre et l'horreur qui va s'abattre sur la ville. Il s'intitule "Varsovie, quand même" et vous le trouverez facilement sur internet. "Morphine" nous fait donc visiter cette Varsovie d'octobre 1939, déjà écornée mais encore debout. 

Kostek n'est jamais tout seul, une voix étrange l'accompagne constamment et nous apprend beaucoup sur lui même mais aussi sur le passé et l'avenir de tous ceux qu'il croise. C'est un peu déstabilisant au début mais on s'habitue assez vite à ces changements de narrateur.

C'est un roman étonnant et dérangeant parfois. Je l'ai apprécié pour l'originalité du sujet et du style. J'ai aimé cette vision différente de Varsovie et de la Pologne avec un anti héros mis en avant. Un jeune auteur polonais à découvrir (que cet amas de consonnes dans son prénom ne vous fasse pas peur) et une traduction remarquable de Kamil Barbarski, nom pas tout à fait inconnu pour ceux qui ont déjà lu les polars de Zygmunt Miłoszewski.




Quatrième de couverture:
"Je suis Konstanty Willemann, j'aime les femmes, j'aime danser, j'aime les tweeds écossais et les costumes d'été en fine toile de lin tropicale, j'aime les rallyes automobiles et le parquet rotatif de l'Adria, j'aime le jazz, j'aime le champagne et la morphine, j'a n'aime pas l'armée ni les uniformes."
Varsovie, 1939. Le lieutenant Konstanty Willemann erre dans la ville bombardée. Celui qui n'était avant guerre qu'un dandy, un père et un mari inconstant, un noceur dévorant l'argent de sa famille dans les clubs les plus chics, se retrouve soudain au dessus d'un abîme. Konstanty a été élevé par sa mère dans la langue et la culture polonaises, mais son père était un aristocrate allemand, officier de carrière. Est-il donc un vaincu ou appartient-il à la "race des vainqueurs"? Ni l'un ni l'autre, au fond, puisque ce sont les femmes, toutes les femmes, qui forment son pays. Ce sont elles qui déterminent son destin, son entrée dans la Résistance polonais, ses missions et ses revirements. avec son allemand parfait, Konstanty devient un élément précieux de l'armée clandestine, mais la patrie ne lui est rien, soumis qu'il est à deux maîtresses tyranniques: la morphine et la noire Salomé. Féminine est aussi la voix qui la poursuit. Est-ce la destinée qui s'adresse à lui, est-ce la mort? Elle connaît le passé et le sombre avenir. "Morphine" emporte son lecteur à la suite d'un héros "sans cœur et sans patrie", qui se cherche et se perd dans sa passion pour les femmes".

Noir sur Blanc - 2016 - 560 pages
Livres contre critiques
chez Laure (Micmélo littéraire)

MORFINA

W zamierzeniach było przeczytanie "Morfiny" po polsku ale jej świeżo wydana francuska wersja sama wpadła mi w ręce i moją pierwszą powieść Szczepana Twardocha pochłonęłam w tłumaczeniu Kamila Barbarskiego, ktory wcześniej świetnie poradził sobie z kryminałami Zygmunta Miłoszewskiego.

Przeraziłam się troche, gdy zobaczyłam opasłe tomisko ale od pierwszych stron mojej znajomości z Konstantym, wiedziałam, że zapowiada się interesująco. Antybohater Willemann od razu wzbudził moją sympatię, szczery i nie ukrywający swoich słabości i zamiłowania do rozrywkowego życia, które z bólem musiał pożegnać wraz z wybuchem wojny. Uzależniony od kobiet, materialnie od matki, fizycznie od Sali, uczuciowo do Igi, Heli, Dzidzi, Konstanty kocha też morfinę, której każda fiolka jest na wagę złota. Zaangażowany, niezupełnie z własnej woli, w polski ruchu oporu, Kostek przemierza ulice okupowanej Warszawy. Zupełnie przypadkowo w czasie lektury wpadłam na necie na krótki dokument francuskiej produkcji z 1954 roku o zniszczonej Warszawie. Końcowka przypomina trochę komunistyczną propagandę, ale jest też pokazana ta beztroska przedwojenna Warszawa, która po powstaniu była już tylko jedną wielką ruiną. Czytajac "Morfine" spacerujemy jeszcze po tej dawnej, choć już naznaczonej pierwszymi bomardowaniami, stolicy.

Kostek nigdy nie jest sam, tajemniczy głos skrada się za nim jak cień i zdradza nam sporo z jego przeszłości, ale też i przyszłości tych, z którymi skrzyżowały się jego drogi. To przeskakiwanie z pierwszej do drugiej czy trzeciej osoby na początku bylo nieco destabilizujące ale dość szybko się do takiej narracji przyzwyczaiłam. "Morfina" to książka oryginalna pod każdym wzgledem; niecodzienny temat i ironiczny styl oraz ciekawa wizja przedwojennej i okupowanej Warszawy z nowym typem bohatera w roli głównej. Powieść, którą oczywiście polecam.

19 février 2016

Ma mère était une très belle femme - Karlien de Villiers

 

Profitant de la réouverture de ma médiathèque après les travaux, j'ai décidé de découvrir son rayon BD - roman graphique. Mes connaissance dans ce domaine se limitent aux aventures de Tintin, que j'ai découvert pendant mon premier séjour en France à l'âge de 21 ans, et aux quelques albums de Blake et Mortimer. C'est donc par hasard que je suis tombée sur "Ma mère était une très belle femme" de Karlien de Villiers. Une enfance en Afrique du Sud, le pays de l'apartheid, de Nelson Mandela, de Charlize Theron mais aussi de Shawn, mon professeur d'anglais qui anime ses cours avec beaucoup d'humour et parle souvent de son pays d'origine.


Karla, une jeune femme de 25 ans, retourne en Afrique du Sud après 2 ans d'absence et retrace ses années d'enfance avec humour et nostalgie mais aussi une certaine amertume. Elle parle de sa mère, de sa sœur, du divorce de ses parents, de ses différentes écoles, de son père et sa nouvelle compagne puis enfin de la maladie de sa mère. Le début des conflits et de la crise politique et économique au temps de la ségrégation raciale sont au deuxième plan.

Cette enfance sous le régime de l'apartheid me fait penser un peu aux albums  de Marzi et ses souvenirs d'enfance sous le régime communiste en Pologne que je vous recommande également, si vous ne les connaissez pas encore.





Quatrième de couverture:
Karlien de Villiers, née en 1975 en Afrique du Sud, est la deuxième fille d'un couple d'afrikaners appartenant à la classe moyenne de la région du Cap. Dans ce récit autobiographique, elle raconte son enfance rythmée par les conflits entre ses parents, avec en toile de fond la chute du régime de l'apartheid. Elle imbrique magistralement l'histoire de sa famille qui implose sous le poids des rancœurs, avec celle d'un pays au bord de l'effondrement, déchiré par les tensions politique et les conflits raciaux.

Editions ça et là - 2007 - traduction: Florence Quillet - 92 pages
  sur Livreaddict   


PHRASE chez Enna 

13 février 2016

la maladroite - Alexandre Seurat



Poignant

J'ai repéré ce roman, inspiré d'un fait divers, sur les blogs où j'aime flâner. Les avis très positifs m'ont convaincue de le découvrir, malgré la gravité du sujet.

Diana est tuée. Par son père? Sa mère? Ses parents? Ses parents ou plutôt ses bourreaux? La petite fille n'est pas tout à fait comme les autres enfants de son âge, elle a un léger retard et est un peu plus agitée aussi. Plusieurs personnes l'ont croisée et connue durant quelques années marquées par les coups. Ils s'expriment à tour de rôle et leur impuissance est saisissante face au système socio-juridico-éducatif qui freine toute tentative de venir en aide à la petite Diana en souffrance.

Quelle tristesse ce roman. Une grande incompréhension aussi; comment peut-on arriver là? Comment peut-on être aussi cruel? Pourquoi? Que des questions et aucune réponse. Un court roman d'une force bouleversante.

Quatrième de couverture:
"Je voudrais me rappeler Diana, mieux que je ne peux en vrai. Je voudrais me rappeler tout ce que Diana et moi nous n'avons jamais fait ensemble, comme si nous l'avions fait. Parfois j'écoute des musiques de notre enfance, et je voudrais que la musique me la rappelle, mais la musique ne me rappelle rien, parce que nous n'étions pas ensemble, nous n'avons pas vécu la même enfance".
Diana, 8 ans, a disparu. Ceux qui l'ont approchée dans sa courte vie viennent prendre la parole et nous dire ce qui s'est noué sous leurs yeux. Institutrices, médecins, gendarmes, assistantes sociales, grand-mère, tante et demi-frère... Ce chœur de voix, écrit dans une langue dégagée de tout effet de style, est d'une authenticité à couper le souffle. Un premier roman d'une rare nécessité.

Editions du Rouergue - 2015 - 128 pages

GROS MOT chez Enna


8 février 2016

Du nouveau dans ma PAL - ciągle rosnący stosik



Entre les cadeaux d'anniversaire, les livres que j'ai reçus dans le cadre de la Masse Critique du Babelio et ceux que j'ai déniché à la librairie, ma PAL ne cesse de s'allonger.

Je suis en train de lire "Morphine" de Szczepan Twardoch, un jeune auteur polonais. Une lecture pas très légère mais intéressante. Quand j'ai vu ce titre dans la longue liste des livres proposés par Babelio, j'ai vite fait mon choix et j'ai eu la chance de l'obtenir.

Un autre livre que j'ai reçu grâce à Babelio "Une année dans la vie d'une femme" de Guillemette de la Borie, une auteure qui m'est inconnue.

Mes cadeaux d'anniversaire dont les deux premiers ont été fortement suggérés: "Une amie prodigieuse" d'Elena Ferrante, "L'arbre du pays Toraja" de Philippe Claudel et "Comme Ulysse" de Lise Charles. 


Enfin, après mon dernier passage à la librairie je suis sortie avec "En attendant Bojangles" d'Olivier Bourdeaut, à force de le voir partout et de ne lire que de belles critiques, j'avais envie de faire la connaissance avec cet auteur. Quelques livres d'occasion: "Toute la lumière que nous ne pouvons voir" d'Anthony Doerr, "Un parfum d'herbe coupée de Nicolas Delesalle, "Peut-être Esther" de Katja Petrowskaja et "Allée de l'Indépendance" de Krzysztof Varga, un autre auteur polonais que je ne connais pas encore.





Polskie wersje kilku z moich ostatnich zdobyczy