24 juin 2018

Eugenia - Lionel Duroy

Le passage de l'auteur sur le plateau de la Grande Librairie m'a déjà donné envie de découvrir cette histoire mais ce sont surtout les avis très enthousiastes de Nicole et de Delphine qui m'ont finalement convaincue de lire ce roman. 

Dans la Roumanie des années trente Eugenia est étudiante à l’université de Jassy, une ville de l'est du pays. Un jour elle est témoin de l'agression par un groupuscule antisémite d'un jeune écrivain juif Mihail Sebastian, invité à un débat par sa professeure de français. Elle prend conscience à ce moment-là de ce qui se passe dans son pays: ce n'était pas la première fois qu'un juif se faisait frapper sur mon chemin, mais c'était la première fois que je ne détournais pas le regard et me retrouvais à le défendre. Cette première rencontre va à jamais changer sa vie.

C'est à travers le personnage fictif d'Eugenia que Lionel Duroy met en lumière l'écrivain roumain Mihail Sebastian. Il se glisse dans la peau de cette jeune femme, qui en tombe amoureuse, pour nous parler de son oeuvre mais surtout pour nous dépeindre la Roumanie des années avant et pendant la seconde guerre mondiale. Dans ce pays coincé entre l'Allemagne fasciste et la Russie communiste l'antisémitisme gagne en force. Le pogrom de Jassy est un des douloureux épisodes de cette période et ce roman en est un témoignage saisissant.

J'ai donc beaucoup apprécié cette leçon d'histoire sur un pays dont je ne savais pas grand chose tout comme ce joli portrait féminin que l'auteur a réussi à rendre convaincant. J'ai suivi avec bienveillance cette jeune femme amoureuse et audacieuse qui n'accepte pas ce qui se passe autour d'elle et n'hésite pas à s'opposer à sa propre famille, même si cela lui impose des sacrifices: Nous croyons aveuglément en la parole de nos parents, et plus tard nous la reprenons à notre compte pour la transmettre à nos enfants. Pourquoi est-il si difficile d'aller contre cette parole, de s'éveiller au doute, puis petit à petit à la conscience d'une "vérité" différente?

C'était ma première rencontre avec Lionel Duroy et j'ai été comblée par cette lecture. De la grande histoire, un personnage fortement attachant, une écriture de qualité, Eugenia est un roman enrichissant qui incite à la réflexion. Je ne peux que vous le recommander.

Editions Julliard - 2018 - 504 pages





16 juin 2018

Podpalacz (Pyromane) - Wojciech Chmielarz

Gdy po raz pierwszy zobaczyłam francuskie tłumaczenie "Podpalacza", zupełnie mi do tej pory nieznanego Wojciecha Chmielarza, pomyślałam sobie, że skoro książka trafiła na francuski rynek, musi ona oprócz ciekawej kryminalnej intrygi posiadać także inne zalety. I nie pomyliłam się bo, mimo że nie jestem wielką amatorką kryminałów, pierwsza częsć serii z komisarzem Mortką bardzo przypadła mi do gustu.

W mroźnej Warszawie grasuje niebezpieczny podpalacz. Gdy komisarz Mortka zostaje wezwany do podpalonego domu na Ursynowie dowiaduje się, że to trzeci taki przypadek. Tym razem w płomieniach ginie właściciel willi, biznesmen Jan Kameron, a jego żona z ciężkimi poparzeniami trafia do szpitala. Komisarza czeka niełatwe zadanie, tym bardziej, że jego poczynania nie zawsze spotykają się z aprobatą przełożonych. W śledztwie ma mu pomagać podkomisarz Dariusz Kochan, młody policjant z Ursynowa Skalski i policyjna psycholog Anna Brodka.

Książki nie przeczytałam ale wysłuchałam w świetnej interpretacji Andrzeja Mastalerza. Komisarz Mortka towarzyszył mi podczas joggingów przez ponad dwa tygodnie. Oprócz raczej nietypowego śledztwa, które bardzo mnie wciągnęło i zaskakującego zakończenia, przez te kilkanaście dni zdążyłam się też przywiązać do głównego bohatera z jego problemami, zaletami i wadami. Jako już dwudziestoletnią emigrantkę zaciekawił mnie też obyczajowy aspekt powieści i mala odsłona współczesnej Warszawy, jakiej nie znałam.

Książki słuchało mi się wyśmienicie i wybaczam komisarzowi Mortce jego nieznajomość Wyczółkowskiego czy niektóre prostackie odzywki Kochana.  "Farma lalek" już czeka w kolejce, tym razem w wersji papierowej.

Wydawnictwo Czarne - czyta Andrzej Mastalerz - 10 godzin 39 minut



Pyromane

J'avoue que je ne connaissais pas cet écrivain polonais avant qu'il soit traduit en français. Sans être une grande amatrice de polars j'avais envie de me plonger dans le premier opus avec le commissaire Mortka, d'autant plus que les critiques étaient plutôt élogieuses.

Un incendie suspect a ravagé une villa à Ursynow, un quartier de Varsovie. Quand le commissaire Mortka arrive sur place il apprend que c'est déjà la troisième maison incendiée dans le coin en peu de temps. En revanche c'est la première fois que quelqu'un trouve la mort dans les flammes. Il s'agit du propriétaire de la maison, Jan Kameron, un homme d'affaires au passé trouble. Sa femme,  une chanteuse populaire qui a connu son heure de gloire, se retrouve à l'hôpital gravement brûlée. Les constatations du capitaine des pompiers s'orientent vers l'acte d'un criminel ce que confirmera le rapport de la police scientifique. Un mystérieux pyromane sévit à Varsovie et l'enquête s'annonce difficile.

J'ai découvert ce roman en polonais dans sa version audio et le commissaire Mortka a accompagné mes joggings pendant plus de 15 jours. Cette enquête qui connaît de nombreux rebondissements m'a vraiment absorbée. Mortka finira par débusquer le pyromane mais le dénouement de l'affaire est tout à fait inattendu. Pendant ces deux semaines j'ai eu le temps de m'attacher au personnage principal, un flic intègre qui n'obéit pas toujours à sa hiérarchie. Je me suis intéressée à ses problèmes personnels, son récent divorce et les conflits avec ses colocataires. J'ai aimé me promener dans le rues de Varsovie en plein hiver et ce petit voyage littéraire en Pologne a été pour moi un véritable plaisir.


Le deuxième volume avec le commissaire Mortka "La ferme aux poupées" est déjà dans ma bibliothèque et j'espère que cette nouvelle enquête sera aussi passionnante que la première.


Agullo Editions - 2017 - 416 pages - traduit par Eric Veaux
Le Livre de Poche - 2018 - 448 pages









1 juin 2018

Testament à l'anglaise (Rodzinna afera) - Jonathan Coe

Après avoir lu "La Maison du sommeil" de Jonathan Coe que j'ai beaucoup aimé je me suis dit que je poursuivrais la découverte de cet auteur. L'occasion s'est présentée quand "Testament à l'anglaise" a été sélectionné par les membres du Blogoclub pour la lecture commune du 1er juin.

Dans ce pavé de plus de 600 pages on fait connaissance avec quelques membres d'une illustre famille de l'aristocratie anglaise. Les Winshaw aiment par dessus tout le pouvoir et l'argent. Tous les moyens sont utilisés pour parvenir à leurs fins. Seule Tabitha Winshaw, considérée comme folle, fait de l'ombre au parfait tableau familial. C'est elle qui est à l'initiative de la rédaction d'une véritable chronique sur sa famille qu'elle méprise profondément. Elle soupçonne que la mort d'un de ses frères n'est pas accidentelle et elle confie ce travail d'enquête à Michael Owen, un écrivain méconnu du grand public. Tout en pénétrant dans l'intimité du clan Winshaw c'est aussi son histoire qu'on découvre.

En dépeignant avec férocité une famille dont plusieurs membres occupent des postes stratégiques dans la finance, le gouvernement et les médias, Jonathan Coe s'attaque à tout le système d'un état moderne où seuls l'argent et la soif du pouvoir comptent véritablement. Dans chaque portrait plus cynique l'un que l'autre il dénonce l'immoralité, la brutalité et la cruauté de certains hauts responsables. Ecrit dans les années 90 ce roman fait écho à l'ascension de Saddam Hussein, l'invasion du Koweït par l'Irak et l'implication britannique dans la Guerre du Golfe, mais 30 ans plus tard le monde n'a pas tellement changé. Il y a donc beaucoup de politique, un peu trop à mon goût et certains passages m'ont un peu ennuyée mais l'intrigue est parfaitement ficelée, la manière dont l'auteur a lié l'histoire des Winshaw à celle de Michael est remarquable sans parler de la partie finale qui m'a bluffée. 

Oscillant entre polar captivant et satire décapante de la haute société britannique ce roman globalement m'a beaucoup plu mais j'ai été moins intéressée par certains développements politiques. Tout compte fait ma préférence va à ma précédente découverte de Jonathan Coe mais je ne m'arrêterai pas en si bon chemin.

Folio - 1997 - 688 pages
Traduit par Jean Pavans