2 septembre 2018

Un fils obéissant - Laurent Seksik

De cet auteur j'ai beaucoup aimé "L'exercice de la médecine" et j'ai entendu pas mal d'éloges sur ses autres romans ("Le cas Edouard Einstein" et "Les derniers jours de Stefan Zweig") qui me tentent aussi. Après avoir exploré dans ses précédents livres la relation père - fils, Laurent Seksik consacre son dernier roman à son propre père et les liens très forts entre eux. 

Je ne suis pas adepte de l'autofiction et avant d'entamer ma lecture je me suis demandée si ce roman allait me plaire mais très vite je me suis rendue compte que Laurent Seksik a des choses à raconter et il le fait d'une façon passionnante et avec une énorme délicatesse.

Dans l'avion pour Israël afin de se recueillir sur la tombe de son père un an après son décès, l'auteur confie à sa voisine de siège son histoire mais aussi celle de son père et de son grand oncle. Il évoque ses deux métiers de médecin et d'écrivain, le devoir et la passion. Il se dégage de ce texte très personnel beaucoup de respect et de pudeur mais aussi une certaine distance quand il parle de ses origines, de sa vie de famille et des métiers qu'il exerce. 

Ce roman sur l'amour filial est un très bel hommage à son père d'un fils sortant du deuil.

J'ai mis un certain temps à entamer cette lecture dans une période où j'avais perdu un peu l'envie de lire sans raison particulière. J'ai ainsi partagé le sentiment de l'auteur qui lui même avait perdu le goût de lire après le décès de son père. Petit à petit l'envie m'est revenue et j'ai repris mon activité favorite. "Un fils obéissant" y est peut-être pour quelque chose.

Quelques citations:
J'avais toujours pensé que le présent ne s'accordait pas avec mon écriture. Jusqu'à sa dernière heure, un être humain s'améliore ou régresse, il n'en a jamais fini avec lui-même. Le coucher sur le papier grave son caractère dans le marbre, lui ôte cette capacité d'évoluer. Ecrire son histoire avant qu'elle ne s'achève lui interdit toute possibilité de réconciliation avec les autres et avec lui-même, ravit sa part d'humanité à venir. 
Ce patient qui refuse de guérir malgré les moyens mis en oeuvre, déçoit les attentes, trompe les espoirs du médecin et trahit en quelque sorte l'essence de sa vocation. Il offense bien malgré lui la bonne volonté de l'équipe soignante. Au bout de quelque temps, las de se voir incompris, le médecin finira, inconsciemment, par se tourner vers d'autres patients compliants aux soins et dont l'état répondant au traitement flattera son ego.
L'esprit d'entreprise est comme l'âme des pionniers, il souffle à toute heure du jour et de la nuit. Nous devons être à son écoute pour concourir au bien-être et à la prospérité du monde libre.
Je le vois comme un puzzle qui, une fois la dernière pièce posée, résoudra une partie de l'énigme d'une vie, répondra peut-être aussi à la question de pourquoi j'écris. Peut-être que le mot "fin" viendra aussi clore cette période de deuil d'une année, m'aidera à tourner la page sans pour autant me conduire à l'oubli. Il y sera sans doute question de la façon dont j'ai accompagné mon père jusque dans ses derniers instants. 
Flammarion - 2018 - 256 pages


14 commentaires:

  1. Bonjour Edyta,

    Je lirai très certainement le dernier roman de Laurent Seksik, dans la mesure où je l'apprécie beaucoup et qu'il ne m'a jamais déçue jusqu'à présent. Que tu aies retrouvé le goût de lire est une bonne chose également. A bientôt.

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  2. je n'ai jamais lu cet auteur mais s'il t'a redonné goût à la lecture, c'est déjà très très bien!

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    1. Je te le conseille tout comme ses précédents romans.

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  3. Il me semblait bien que tu n'avais pas posté de billets de lecture depuis un moment.

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    1. En effet, je n'ai pas beaucoup lu ni écrit ces derniers temps, je m'y remets en douceur.

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  4. J'avais beaucoup aimé Les derniers jours de Stefan Zweig, beaucoup moins voire pas du tout La légende des fils, ce qui m'a détourné de cet auteur... Tant mieux si tu as retrouvé le goût de lire.

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  5. J'ai lu la BD adaptée de ce roman, je le lirai certainement un jour.

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  6. Panne de lecture pour moi aussi ces derniers mois mais cela semble en voie d'amélioration depuis peu. J'avais bien aimé Le cas Edouard Einstein et j'ai bien envie de lire L'exercice de la médecine. Mais ce nouveau roman me tente moins.

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    1. Tant mieux si tu retrouves petit à petit le goût de la lecture, ça s'arrange pour moi aussi :-)

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  7. Oh que ça fait longtemps que j'ai envie de découvrir cet auteur. Ton billet me conforte dans cette envie. Merci !

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  8. C'est toujours agréable de tomber sur un livre qui nous emballe lorsqu'on a un petit coup de mou. Je ne l'ai encore jamais lu mais je me suis procuré il y a peu Le cas Edouard Einstein.

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