25 octobre 2016

Les mains lâchées - Anaïs Llobet


"Les mains lâchées" est un récit bouleversant d'une survivante après le déferlement d'un tsunami dévastateur sur l'une des îles de l'archipel philippin. 

Alors que Madel, journaliste d'une chaîne télévisée, passe quelques jours dans la maison de son petit ami, chirurgien esthétique, l'île de Leyte est frappée par un typhon tropical d'une force incroyable. On bascule vite d'une vie normale dans une belle maison, qu'on croyait sûre et solide, dans une réalité presque apocalyptique avec la plupart des constructions détruites, des cadavres par centaines et des survivants affamés. Des images d'horreur se suivent dans une narration brute et réaliste livrée par Madel qui, très sollicitée par son employeur, se plonge à corps perdu dans son métier de journaliste. De temps à autre, elle donne la parole aux personnes qu'elle rencontre et son récit est entrecoupé par les témoignages poignants des rescapés.

Ce court roman est un regard sur la fragilité de la vie face à la violence d'un cataclysme naturel et révèle la nature humaine animée par l'instinct de survie dans des situations extrêmes. Ce récit sonne comme un signal d'alarme prévenant des dangers du réchauffement climatique qui est devenu une évidence avec des phénomènes atmosphériques de plus en plus fréquents et de plus en plus violents. C'est enfin une réflexion sur le métier de journaliste, son rôle, ses dangers et sa vocation. Un livre dont les images restent longtemps gravées en mémoire. Un premier roman réussi qui choque et interpelle.

Livre reçu dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire de Price Minister. #MRL16

Citations:
"Je ne sais pas si c'est possible de redevenir mère lorsqu'on a su que l'espace d'une minute, on a préféré sa vie à celle de son fils... Il aura suffi d'une vague. Une vague pour effacer douze ans de maternité."
"Je ne propose pas à Irène de supprimer ces images révoltantes. Nous avons besoin d'elles. Yolanda, avec ses sept mille morts, a tout d'une star médiatique. Pendant encore quelques jours elle saura défier le principe de "mort kilométrique", cette loi tacite du journalisme, selon laquelle la mort soudaine par intoxication alimentaire de notre voisin de cantine nous intéresse davantage que les deux cents noyés d'un lointain paquebot indonésien."
Quatrième de couverture:
Une vague monstrueuse, soulevée par un typhon meurtrier, dévaste les Philippines en quelques minutes et ravage sa myriade d’îles.
Sur l’une d’elles, Madel reprend connaissance, seule au milieu du chaos. Jan, l’homme qu’elle aime, a disparu. Et elle a lâché la main de l’enfant qu’il lui avait confié.

Au prix d’une difficile anesthésie des sentiments, la jeune journaliste se plonge dans son travail, en équilibre entre information et voyeurisme, quand tous les médias du monde se tournent vers les Philippines.

Recueillir la parole survivante, nouer des liens avec les rescapés, c’est conjurer la mort. Mais un typhon de cette violence ne laisse jamais en paix ceux qu’il a épargnés.


Editions Plon - 2016 - 158 pages



6 commentaires:

  1. Oui, un premier roman qui séduit beaucoup, émeut et interpelle grâce à une belle maîtrise.

    RépondreSupprimer
  2. On sent ton émotion. Il me tente, ce petit roman.

    RépondreSupprimer
  3. Plutôt tentant, oui. Décidément, il y a du bon, parmi ces titres de rentrée !

    RépondreSupprimer