J'avais envie de lire cette auteure depuis son passage à la Grande Librairie pour présenter "C'est dimanche et je n'y suis pour rien". C'était il y a 3 ans, entre temps Carole Fives a écrit "Une femme au téléphone" qui a eu de bonnes critiques mais c'est avec son dernier roman que je découvre enfin son écriture.
J'ai emprunté "Tenir jusqu'à l'aube" sans vraiment savoir de quoi il parlait et j'ai bien fait car en connaissant le sujet du roman je pense que j'aurais hésité. Une mère célibataire et isolée qui élève un petit garçon de 2 ans et qui, pour souffler un peu, s'accorde certains soirs de petites escapades en ville en laissant le petit seul à la maison. Franchement pas très tentant comme sujet. J'ai donc entamé ma lecture avec une certaine méfiance mais très vite j'ai été happée par une écriture vive, un propos direct et une tension qui monte tout au long du récit. Tout cela ne m'a pas permis de lâcher le roman jusqu'à la dernière page.
La vie n'est pas facile quand le père de l'enfant ne donne plus aucun signe de vie, quand on est loin de sa famille et de ses amis, sans emploi fixe et quand l'enfant est plutôt du genre capricieux. J'ai eu beaucoup de peine pour cette mère qui essaie de joindre les deux bouts pour s'en sortir, son extrême solitude, son sentiment d'être abandonnée. On peut comprendre, sans pour autant l'approuver, ce besoin de souffler de temps à autre, de se libérer, de goûter à autre chose tout en étant consciente des risques encourus.
J'ai aimé le regard de l'auteure sur la société actuelle pour dénoncer la vulnérabilité des mères célibataires, leur solitude et leur précarité, le jugement des autres. Un court roman pas très réjouissant qui fait réfléchir et qui ébranle les certitudes du lecteur. Une histoire qui ne m'attirait pas de prime abord et que j'ai finalement trouvée très réussie.
Gallimard - 2018 - 192 pages